L'histoire de ce projet s'écrit comme dans un roman de François Mauriac.

Vers la moitié du mois de septembre, il m'ouvrit la porte sur ce lieu de mes souvenirs d'enfance, qui allait devenir chez eux. Les parquets n'étaient plus vraiment cirés, d'anciennes gouttières avaient remplacé les lustres à pampilles… Mais pièce après pièce, les scènes de famille étaient toujours ancrées : les fuseaux, le petit secrétaire débordant de papiers mal triés, les lieux interdits, la rambarde épaisse de l'escalier, objet de tant de glissades, la baignoire à pattes de lion, le vieux flipper américain, la petite pièce fraîche où séchaient les grattons... Tout était là, intact dans ma tête.

De cet inventaire à l'ambiance mauriacienne, j'allais devoir me débarrasser et mieux embrasser pour tisser ma toile, broder leur projet. Les chambres retrouveraient les teintes de mes souvenirs : du bleu wedgewood au rouge sang, la cuisine s'inspirerait du meuble surdimensionné de la lingerie de la vieille tante et le petit salon interdit conserverait ses boiseries et deviendrait un fumoir au jaune cramoisi. Ce qui allait advenir leur appartiendrait désormais.